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Le départ

Corsica Machja

Chez Éric Olmeta, la fabrication d’alcool, c’est une histoire de famille. Une odyssée qui débute à la fin des années 70. Alors que le Sporting atteint la finale de la Coupe UEFA 1978, à Pigna, François et Jean Garibaldi (aucun lien de parenté avec le révolutionnaire italien) terminent la première cuvée de leur vin d’apéritif, appelé « U Matrunellu ».

Vin de pêche, d’orange et de myrte, l’aventure dura 10 ans, avant qu’en 1988, le père d’Éric Olmeta, Pierre, reprenne la suite. Pendant quinze ans, la recette reste inchangée, la production demeure confidentielle, mais le savoir-faire perdure, jusqu’en 2003, lorsqu’Éric Olmeta, décide de ne pas abandonner l’héritage familial

« Impossible, assène-t-il accoudé sur l’un des cuves entreposées dans son garage. Cette société, c’était toute la vie de mon père. Lorsqu’il a décidé d’arrêter, j’ai pris naturellement la suite. Je ne voulais pas être celui qui abandonne la fabrication de liqueurs et de vins d’apéritif. »

 

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Lui qui n’avait jamais envisagé de prendre la suite aussi soudainement se forme sur le tard, comme son père des années plus tôt. Pendant deux ans, il va enchaîner entre son métier de plombier et la distillerie, avant de travailler à plein temps en 2005.

Pendant dix années, il va moderniser sa production en achetant un hangar et du matériel. C’est en 2014, au décès de son père, que le déclic vient. « Je me souviens revoir mon père travailler dans le garage. Lorsqu’il avait soif, il allait toujours s’hydrater avec de la bière. Je me suis alors dit qu’il était temps que je me lance moi aussi dans le monde brassicole. »

Une production d'environ 840 litres 840 litres

De fil en aiguille, son projet prend forme. Après des années d’efforts et d’essais, la première cuvée voit enfin le jour cette année. Le nom de la bière ? San Petru, en hommage au paternel, une évidence. Ses oncles ont commencé par les vins d’apéritif, son père a rajouté les liqueurs, lui apporte sa pierre à l’édifice avec la bière.

« C’est un produit de plus en plus à la mode, c’est aussi un moyen d’exister sur le marché, étant donné que les vins d’apéritif ne se vendent plus aussi bien que par le passé, concède Éric. À l’heure actuelle, je ne possède qu’une seule variété, la bière rossa. Je compte prochainement faire une bière à la châtaigne et au citron. »

Si sa production reste modeste, environ 840 litres, le néobrasseur voit grand malgré tout. Grâce au bouche-à-oreille, en quelques semaines, son produit s’est taillé une bonne petite réputation chez les amateurs de mousse. Un succès que savoure Éric, qui préfère quand même garder les pieds sur terre, « je travaille sans me prendre la tête, je suis là pour me faire plaisir », insiste-t-il.

Dans le garage de sa maison, Éric fait macérer son produit et il l’avoue, « on est un peu à l’étroit », ce qui l’oblige à transvaser plusieurs centaines de litres jusqu’à son hangar, situé à quelques kilomètres de son domicile

La liqueur de myrte, le précieux sésame le précieux sésame

Un espace beaucoup plus grand, mais qui commence lui aussi à être encombré, si bien que pour aller chercher sa plus « précieuse marchandise », il doit enjamber les cartons remplis de bouteilles. La crise de la Covid est passée par là et cela s’est ressenti au niveau des ventes.

 

Fier comme Artaban (sans tomber dans le ridicule), il fait découvrir sa bouteille de liqueur de myrte noire, qu’il est le seul à pouvoir vendre, ayant déposé le nom. « Une liqueur à l’ancienne, comme ils les faisaient dans les temps au village », assure le brasseur.

À côté de l’entrée, il s’est aménagé un petit comptoir, pour les dégustations. La photo de son père y a une place de choix, après tout, la bière porte son nom. Après avoir développé sa petite entreprise pendant près de 15 ans, Éric ne sait pas si son fils Pierre-Jean, gardien de but chez les U-16 du Sporting Club de Bastia, prendra la relève. « Je le laisse se concentrer sur sa passion du football et les études. Chez les Olmeta, on est fan du SCB, d’ailleurs, notre chien s’appelle Uniti », plaisante le brasseur.

En quelques décennies, la petite entreprise familiale, qui ne connaît pas la crise, a parcouru beaucoup de chemin. En remportant le pari de s’immiscer, avec succès, dans le domaine brassicole insulaire déjà très riche, Éric Olmeta a prouvé, plus de quarante ans après les premiers vins d’apéritif de ses oncles, qu’il était toujours possible de se réinventer. 

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